Est-il vraiment dangereux d’accoucher seule ?
Image : © Toth Adan
Un enfantement libre, est-il réellement plus risqué qu’une naissance médicalisée ? Une exploration de la notion du risque dévoile des incohérences dans le discours prévalent. Contrairement à la croyance de la médecine moderne, « facteurs de risque » et « probabilités de complications » sont des mirages mathématiques qui ne peuvent en aucun cas prédire la sécurité d’une naissance.
Malgré cela, les risques présumés d’une naissance non médicalisée sont utilisés pour justifier des pratiques qui nuisent, traumatisent et parfois tuent.
Un examen en profondeur révèle les incohérences et de faux concepts qui se cachent derrière une argumentation autoritaire et déresponsabilisante, pour ouvrir des voies pour des perspectives insoupçonnées.
Je me suis rarement sentie aussi en sécurité que lors de la naissance de mon deuxième enfant. Tout me semblait tellement évident et limpide qu’il n’y avait pour moi aucun doute : j’étais précisément là où je devais l’être.
Un gynécologue habitué à la gestion médicalisée de la naissance d’autre part, qui m’aurait aperçue en pleine nature en train de respirer à travers mes contractions dans mon hamac, seule au beau milieu de la nuit, aurait sans doute vu en moi la maman la plus irresponsable du monde. « Est-ce qu’elle sait seulement quels risques elle prend ?! » S’il avait par-dessus cela appris que mon fils était positionné en siège, son indignation aurait certainement été totale, tandis que moi j’accouchais avec insouciance.
Cet exemple montre bien de combien nos notions de risque et de sécurité sont subjectives et cela est particulièrement vrai en termes d’accouchement.
Une femme qui accouche veut (et doit) se sentir en sécurité. Quand le portail de la naissance s’ouvre, la vie et la mort se côtoient de près, et cela donne à notre besoin de sécurité un rôle d’autant plus central.
Le risque est un des premiers concepts que l’Ordre médical brandit pour dissuader les femmes d’accoucher sans surveillance médicale. En préparation de cet article, je peux lire sur un site : « Un accouchement à domicile‚ en l’absence de surveillance médicale adéquate, présente des risques plus élevés que dans un environnement hospitalier équipé pour gérer les urgences obstétricales ».
Nous le savons toutes, la sécurité est le premier argument commercial de la technomédecine. Combien de femmes ont-elles été incitées à l’obéissance avec la phrase fatidique : « Mais sans cette intervention votre bébé va mourir ! » ?
La sécurité est aussi le concept le plus instrumentalisé pour justifier des pratiques qui nuisent, traumatisent et parfois tuent. Face à la menace du risque, tant de femmes doutent, remballent leur ressenti personnel, font taire leur voix intérieure, et obéissent sagement.
Face à la menace du risque, tant de femmes doutent, remballent leur ressenti personnel, font taire leur voix intérieure, et obéissent sagement.
Née d’un simple désir d’explorer les notions de risque et de sécurité dans le contexte de l’enfantement libre, cette réflexion m’a accompagnée durant des jours. En détricotant mentalement les fils de cet édifice conceptuel, il m’est vite apparu que la conception de « sécurité » et de « risque » qu’on nous a transmise est hautement déformée.
Cette déformation, en conjonction avec notre besoin inné de sécurité, est le carburant d’un système déshumanisé. Mon idée initialement simple m’a soudainement paru hautement complexe.
Il est une chose de ressentir intuitivement qu’un enfantement libre n’a rien de dangereux, mais c’en est une autre de trouver les mots adéquats pour peler les couches de nos programmations. C’est une chose d’adhérer mentalement au concept d’un accouchement en autonomie, mais c’en est une autre de se retrouver face à ses peurs les plus viscérales quand il faut choisir.
Durant des jours, j’ai écrit et réécrit cet article en quête d’une vision claire à partager, une vision qui peut nous guider et inspirer, ouvrir de nouvelles perspectives et faire basculer quelques programmes.
J’espère avoir réussi.
I. Sécurité et risque : autant de réalités que de perceptions
Une de mes approches favorites est de retracer la signification d’un mot, surtout à une époque où tant de mots sont détournés. De quoi parle-t-on précisément ?
« Sécurité », telle qu’elle a été définie par le dictionnaire, veut dire absence de danger, tandis que « risque » veut dire possibilité de danger.
Contrairement à leur utilisation très restreinte au sein du paradigme médical, ces mots peuvent alors signifier différentes choses selon le contexte. À quel danger fait-on référence ? Selon le danger référencé, la perception de ce qui est sûr ou dangereux est complètement différente. Puis, ce qui est possible, n’est pas automatiquement probable.
Une action peut rendre un événement statistiquement plus sûr par rapport à un danger précis, mais être plus risquée par rapport à un autre danger.
Si je prends l’exemple d’une échographie, celle-ci rend une naissance plus sûre aux yeux de l’ordre médical (encore que les chiffres contredisent cette affirmation), parce qu’elle détecterait des anomalies qui peuvent mettre en danger la vie d’un bébé.
À mes yeux pourtant, une échographie est risquée puisqu’elle représente des dangers pour la santé fœtale ou encore le danger d’interventions inutiles à base d’une interprétation erronée.
Ainsi, quand un accouchement en dehors de l’hôpital est présenté comme plus risqué, c’est dans les faits un tel raccourci qu’on ne peut s’empêcher de qualifier ce propos de mensonge.
Le danger, comme nous l’avons vu, est subjectif, alors que la discussion officielle laisse penser qu’il existe une norme objective.
À mes yeux, il est primordial que chaque femme identifie ses propres dangers qui mettent en péril sa sensation de sécurité, au lieu de se référer à une conception standardisée. Ce n’est pas parce qu’on te dit qu’un choix (comme un accouchement non médicalisé) ou un fait biologique (comme une gestation multiple ou un âge avancé) est statistiquement parlant risqué que c’est forcément risqué pour toi.
Puisque la naissance est un événement biologique qu’il faut à tout prix protéger dans son intégrité, sensation de sécurité et sécurité véritable sont une et la même chose. Je suis en sécurité uniquement quand je me sens en sécurité.
Alors la première question à se poser est : dans quel contexte est-ce que je me sens en sécurité ? Pour ma part, ce ne sont ni des machines ni des injections qui me donnent un sentiment de sécurité. Au contraire, je me sens en danger dès lors que ma souveraineté et mon autonomie sont restreintes.
Et, je doute en fait que ces mesures donnent à qui que ce soit une réelle sensation de sécurité. En effet, toutes les interventions médicales de routine sont indexées sur la peur – la peur du danger omniprésent que représente la naissance dans son état naturel. Les « soins » prénataux, ainsi que les protocoles hospitaliers visent à évincer un danger hypothétique et non pas à maintenir la sécurité naturelle d’une naissance.
Les « soins » prénataux, ainsi que les protocoles hospitaliers visent à évincer un danger hypothétique et non pas à maintenir la sécurité naturelle d'une naissance.
Au lieu de cultiver la confiance dans nos corps et notre biologie, ces mesures suscitent et amplifient la peur.
Le problème avec cette approche est plutôt évident : quand le danger est le centre de notre perception, la peur prend le dessus et perturbe autant le bon déroulement d’une naissance d’un point de vue physiologique qu’elle nous expulse de notre corps et nous fait prendre de mauvaises décisions.
On voit donc que notre propre perception de sécurité et de risque est subjective, et que celle-ci peut (et est) manipulée et que cette perception a un effet sur notre accouchement, dans le sens positif et négatif.
Pendant que j’écris ces lignes, à travers ma fenêtre, je regarde mon conjoint qui rénove le toit de la grange en face. Équipé d’une grosse scie circulaire, je le vois couper des tôles et de gros bouts de bois, littéralement en bord de toiture. Quatre mètres en dessous de lui, une route goudronnée le guette. Des dangers, je peux en imaginer : je le vois déjà trébucher, glisser et chuter. Je me vois déjà veuve ou aux côtés d’un mari handicapé. Je ressens combien la peur est physiquement difficile à endurer, mais mon compagnon m’assure qu’il est en sécurité et j’essaie de le croire. Et, il avait raison, aucune de mes visions sombres ne s’est réalisée.
Il y a visiblement autant de réalités qu’il y a de perceptions.
* * *
II. Quand la femme devient « individu statistique »
La question se pose alors : peut-il réellement y avoir des « indicateurs », des « facteurs de risques » et des « probabilités de complications » qui peuvent objectivement nous guider dans nos choix ?
L’idée de percevoir un individu à travers de données statistiques est, à vrai dire, assez douteuse.
Elle remonte au début du 19ᵉ siècle, quand les assureurs américains cherchaient une manière de quantifier des risques pour vendre avec profit des assurances de vie.
L’historien américain Dan Bouk retrace dans son livre How Our Days Became Numbered comment l’invention des assurances-vie autour des années 1830 a donné naissance à ce qu’il appelle « l’individu statistique ».
L’individu statistique est un être humain qu’on réduit à des données statistiques qui pourtant, par leur nature, peuvent uniquement nous informer sur des populations et non pas sur des êtres humains particuliers.
« L’idée d’utiliser des statistiques pour penser l’individu est en vérité assez bizarre », écrit-il à ce propos.
L'idée d'utiliser des statistiques pour penser l'individu est en vérité assez bizarre.
Une statistique telle que « le taux d’accouchement prématuré augmente de 5 à 10% après 35 ans » (admettons que cela soit vrai) ne dit rien sur la probabilité d’une femme en tant qu’individu d’accoucher avant la 37ᵉ semaine.
Comme femme individuelle, nous accouchons soit avant, soit après 37 semaines.
Exprimé en chiffres, cela donne toujours une chance 50/50 et aucune donnée ne peut prédire quel cas de figure se réalisera.
Quand un professionnel de santé catégorise une femme « haut risque », cela est un terme qu’il emprunte au monde des assurances pour lui conférer une signification médicale qu’il n’a pas. Cela ne dit littéralement pas plus sur le déroulement de la naissance à venir que s’il avait tenté de prédire l’avenir en lisant dans son marc à café – néanmoins, la présentation de chiffres donne à ses propos une allure bien plus sérieuse.
« L’astuce de l’individu statistique est qu’il peut paraître en même temps plus objectif et plus précis qu’il ne l’est en réalité, parce qu’il est présenté comme un ensemble de chiffres qu’on a passés à la moulinette scientifique », observe encore Dan Bouk, et je pense que nous reconnaissons toutes l’astuce des chiffres passés à la moulinette ‘scientifique’. La ‘numérisation’ de la vie est une technique si persuasive qu’une petite voix résiste à toutes ses considérations mathématiques : « Mais toutes ces statistiques doivent bien signifier quelque chose ! ».
Si je postule, que seulement 5% des femmes souffrent d’effets secondaires suite à une intervention, cela nous dit certainement quelque chose sur la sécurité de l’intervention elle-même, mais cela ne nous permet pas de déterminer quelle femme souffrira de ses effets.
Sauf que, bien sûr, en terme de naissance, nous parlons d’un évènement biologique régi par la nature et non d’une intervention humaine. Cela rend le concept du patient statistique d’autant plus absurde.
L’idée de prescrire une intervention médicale à base d’une donnée statistique est pour cela complètement ‘antimathématique’. Sans parler du fait qu’on peut faire dire tout ce qu’on veut à des chiffres en manipulant savamment des données.
D’ailleurs, quand on suggère qu’une donnée récoltée dans le présent (un résultat de test) ou dans le passé (une statistique) peut prédire l’avenir, on n’a soit rien compris aux mathématiques, soit on en fait délibérément mauvais usage pour induire l’autre en erreur.
Le mathématicien américain Edward Lorenz déclara déjà au siècle dernier : « Même si on arrive à capturer un phénomène complexe et dynamique en formules mathématiques, on ne serait pas une seule seconde en mesure de prédire son évolution ».
Les chiffres et les calculs, aussi neutres et persuasifs qu’ils nous paraissent, ne peuvent pas exprimer une vérité absolue ou prédire un danger à venir.
Un résultat de test est non seulement une capture instantanée d’un état qui peut changer aussi tôt, il peut également être erroné.
Des données récoltées sont aussi influencées par celle ou celui qui les récolte (Heisenberg : ‘On change ce qu’on observe‘). Elles peuvent également être aisément manipulées pour exprimer une vérité qui arrange. Comme ils sont neutres par leur nature, ils prennent différentes significations selon le cadre de référence dans lequel on les place.
Et, quand on cherche à faire rentrer dans l’équation plusieurs dangers pour les mettre en relation, tel que je l’évoquais dans mon exemple de l’échographie, la mathématique arrive à ses limites. Les chiffres ne sont pas divins.
Mais, malgré toutes ces incohérences qui l’invalident, cette vision matérialiste et déterministe qui informe les prises de décisions en milieu médical nous est présentée comme l’apogée d’une science infaillible qui aurait révolutionné la naissance.
Sauf que, elle a en passant éffacé l’humain de l’équation.
Mais, alors, comment peut-on repenser notre approche de la question de la sécurité et du risque lors d’une naissance ?
J’en ai ma propre petite idée.
* * *
III. Être pleinement dans notre corps
Tout être socialisé au sein de notre culture est introduit tôt ou tard à l’idée que nous sommes seuls face à l’univers et qu’on ne peut pas recourir intérieurement à une forme d’intelligence interconnectée qui nous guide dans nos décisions.
Il s’agit là bien sûr d’une idéologie athée, mais même si nous prenons son pendant religieux, qui invite à prier pour obtenir le soutien de Dieu qui assure la protection qu’aux pieux, le principe sous-jacent reste le même : seuls face à l’univers, nous sommes des êtres désemparés et impuissants.
L’idée que nous sommes livrés à nous-mêmes mène tôt ou tard à la conclusion que nous ne savons uniquement ce que nous avons appris par le biais de sources extérieures. Notre culture nous laisse penser que nous sommes des pages blanches qui se remplissent de connaissances par un apprentissage par l’extérieur.
La science est paradoxalement autant piétinée que mise sur un piédestal, mais elle reste la première source de notre connaissance. Combien de personnes se construisent leur système de croyance exclusivement à base de ce qu’ils peuvent lire dans des études ?
Culturellement, les livres, les experts et les machines sont les sources d’information sur lesquelles une mère devrait s’appuyer pour évaluer la présence ou l’absence de danger.
Les autrices allemandes Alina Bronsky et Denise Wilk constatent dans leur livre L’abolition de la mère (« Die Abschaffung der Mutter ») que la mise sous tutelle de la femme au sein du système obstétrique est déjà le premier pas vers l’abolition de la mère dans nos sociétés modernes.
Mais, je pense que c’est plus encore : c’est l’annihilation de l’être humain en tant qu’être spirituel et interconnecté avec le monde qui l’entoure.
Dans le modèle actuel, l’être humain est graduellement dérobé de son autonomie et de sa capacité de recourir à sa bio-intelligence. Et, j’en veux pour preuve que tant de personnes ne peuvent associer aucune sensation au terme bio-intélligence.
Devenus ignorants, on nous revend par la suite la connaissance qu’on doit maintenant puiser par l’extérieur. Oui, la mise sous tutelle aussi se monétise.
Dans le contexte de la naissance, sécurité équivaut à mes yeux à autodétermination.
Dès lors qu’on perd le contrôle des décisions qui nous regardent, on entre en eaux troubles. Tout d’abord, parce qu’une perte de contrôle est toujours anxiogène et donc néfaste pour le schéma hormonal d’une naissance. Mais, de manière plus importante, puisque nous rompons le lien qui nous connecte au système d’intelligence qui habite tout le vivant, même nous.
Un arbre sait instantanément quand un arbre voisin a besoin de nutriments. Nous, on se vante d’être le sommet de l’évolution sur terre, mais quelque part on se croit moins intelligents qu’un arbre.
Ma définition de sécurité n’a alors rien à voir avec de la prévention, des batteries de test ou des interventions chirurgicales.
Nous sommes en sécurité tant que nous pouvons nous écouter et enregistrer le signal d’un système de bio-intelligence diffusé 24 h/24.
Nos décisions peuvent donc inclure des avis extérieurs, des interventions, des tests, ou des statistiques – mais ils ne sont pas leur point de départ.
Pour être en sécurité, nous devons établir un dialogue constant entre l’intérieur et l’extérieur.
La mère américaine Carlee Moon raconte dans le « Freebirth Society Podcast » l’histoire incroyable de sa première naissance libre : peu avant la naissance de son bébé, le cordon ombilical de celui-ci était tombé par le col ouvert dans son vagin. Aux yeux de tout professionnel de la naissance, cet incident représente une complication sérieuse puisque le fœtus peut exercer une pression sur le cordon et couper l’oxygène.
En milieu hospitalier, c’est une césarienne assurée.
« C’est pas bon ça, non ? », lui aurait demandé son mari en voyant 60 cm de cordon ombilical pendre entre les jambes de sa femme. Carlee pourtant, ignorante que cela représentait potentiellement une complication léthale à l’époque et ne ressentant aucune angoisse vis-à-vis de l’incident, l’aurait rassuré que cela ne représentait aucun problème et serait entrée dans sa piscine d’accouchement. Son fils est né 45 minutes plus tard, sans aucune séquelle.
Cette histoire nous montre notre faculté inouïe d’évaluer un risque, lorsque nous cherchons des réponses à l’intérieur de nous au lieu de nous tourner pleinement vers l’extérieur. La décision de Carlee était mille fois plus intelligente et sécurisée qu’une prise de décision dogmatique par un tiers.
Cela ne veut évidemment pas dire qu’un prolapsus ombilical ne peut pas être une complication sérieuse qui peut mettre en danger la vie d’un bébé.
Au contraire, cela nous montre qu’il n’y a pas de règle fixe et qu’il existe un système d’information qui transperce tous les éléments de la vie. Et ce système est infiniment plus savant que la machine la plus complexe du monde.
Vous vous en doutez, je parle ici d’intuition, même si le terme me déplaît.
L’intuition, c’est ce truc un peu flou par lequel se laissent guider les bobos-écolos et les déjantés New-Age, non ?
Je pense en effet que nous ne savons pour la plupart pas exactement de quoi on parle quand on l’évoque. Est-ce que ce sont des idées qui se manifestent spontanément dans nos têtes ? Une inspiration de provenance inconnue ? Un sentiment urgent ou une action irrationnelle qui nous paraît pourtant juste ?
Après 24 heures de contractions, j’étais au bout de mes forces. C’était mon premier accouchement et je ne m’attendais certainement pas à ressentir une telle force me couper en quatre. La seule femme avec laquelle j’avais été directement en contact qui avait accouché librement m’a littéralement parlé au téléphone pendant une heure au début de ses contractions. Cela paraissait tellement facile que j’ai eu une petite crise de panique lorsque je suis entrée en phase de transition : j’étais sûre, si à ce stade ma fille n’était pas déjà dans mes bras, c’est qu’elle doit être coincée quelque part dans mon bassin.
Security first, je dois aller à l’hôpital, me souffle une petite voix. Indécise sur que faire, j’opte pour le « au cas où je me la joue sécure », sachant qu’en vérité j’avais pas réellement réfléchi à la question, ce que ça voulait dire pour moi. Je me souviens très distinctement de deux pensées. La première : c’est intéressant tout de même que je ne ressente rien d’inquiétant dans mon corps. C’était purement mental. La deuxième : oui, mais si je le pense d’une manière si forte, c’est peut-être mon intuition.
J’avais en fait aucune idée de comment puiser la connaissance en moi et comment démêler l’intuition de la pensée manipulée. Et, en écoutant d’autres récits, je soupçonne que je ne suis pas la seule.
Je propose donc un terme tout autre. Pour ma part, une grossesse et une naissance se sécurisent grâce à la vigilance.
Et, par là, je ne veux pas parler d’un état nerveux où l’on scrute tout obsessionnellement par peur que cela puisse présenter un problème.
Je veux plutôt parler d’une présence forte dans notre corps où l’on entraîne notre attention à enregistrer continuellement nos sensations physiques, nos pensées et nos émotions. Avant tout, être vigilante veut dire pour moi être ouverte à entendre et ressentir les messages que nous transmet notre corps. Et quand je reviens sur l’intuition, cela lui confère une tout autre texture. Ce n’est pas une faculté qui manque d’ancrage qui flotte dans l’éther. C’est le contraire, c’est la faculté d’être plus physique et dans la matière.
Lors d’une grossesse et d’un accouchement, notre corps est submergé de sensations nouvelles. L’invitation d’une naissance non médicalisée est justement d’apprendre à le connaître et à rentrer en contact avec notre bébé à travers un système de communication interne.
Mais, mise à part des sensations occasionnées par le processus physique, nous devons également être très vigilantes quant à la texture de nos pensées, ou devrais-je dire de nos intuitions. En revisitant ma propre expérience que j’ai relatée plus tôt, je me suis rendue compte que cette sensation, que j’avais vaguement identifiée comme intuition pour me rassurer, n’avait aucune texture. Elle n’avait aucune sensation physique qui lui était associée. Si je devais la localiser, je la localiserais dans ma tête et non pas dans le reste de mon corps.
Apprendre à identifier des pensées intrusives et des messages de notre bio-intelligence a été mon obsession durant ma deuxième grossesse. À chaque moment de panique ou de doute, je suis retournée au silence pour être présente dans mon corps. Et, j’ai trouvé dans cette présence matérielle une source d’informations insoupçonnée.
* * *
Que tu sois enceinte ou pas, je voudrais t’inviter à explorer ta propre relation avec sécurité, risque et bien sûr à entraîner ta vigilance. Pour te guider dans cette exploration, je te propose quelques idées à prendre ou à laisser :
1
Quand tu te réveilles le matin, tu viens tout juste de revenir dans ton corps et ta présence est par moment encore flottante. Enregistre dans le calme de ton lit ta présence dans ton corps. Quelles pensées te traversent la tête ? Quelles textures ont-elles ? Ressens-tu des zones de ton corps et est-ce que tu y associes spontanément une information ? J’ai emprunté cette pratique à Jacqueline Hobbs, alias Oracle Girl et m’entraîne depuis un certain temps. C’est si simple et pourtant cette pratique a tant de profondeurs insoupçonnées.
2
En un moment de peur ou de panique, peux-tu observer quelles sensations physiques se manifestent dans ton corps ? Est-ce que cette peur est nourrie par des pensées obsessionnelles qui jacassent sans s’arrêter ? Quelle texture ont-elles ?
3 La prochaine fois que tu dois prendre un choix important, porte ton attention sur les sensations que tu enregistres dans ton corps. Si tu ressens une impulsion forte d’agir d’une certaine manière, a-t-elle une texture urgente et stridente ou ressens-tu plutôt une attraction magnétique avec un ton plus grave et posé ?
* * *
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